Le gouvernement du Canada diffuse un avertissement à l’intention des personnes 2ELGBTQI+ qui comptent se rendre ou qui voyagent actuellement aux États-Unis contre les politiques adoptées par certains États sur l’orientation sexuelle.
“Certains États ont adopté des lois et des politiques susceptibles d’affecter les personnes 2ELGBTQI+. Vérifiez les lois locales et celles de l’État concerné”, avertit Affaires mondiales Canada dans une modification mise en ligne mardi matin sur son site Internet destiné aux Canadiens qui voyagent aux États-Unis.
Cette mise en garde du gouvernement canadien a beaucoup attiré l’attention dans la mesure où ce genre d’avertissement est en général émis pour des voyages dans des pays comme la Russie, l’Égypte ou encore le Mexique, où des lois et des pratiques restrictives par rapport à la diversité des genres et les membres des minorités LGBTQ+ sont en vigueur.
En novembre 2022, notamment, la Chambre haute du Parlement de Russie a adopté à l’unanimité un projet de loi qui restreint de façon importante les activités faisant la promotion de la communauté LGBTQ+ dans le pays. En 2013, une loi avait aussi été adoptée afin d’interdire tout ce qui, aux yeux des autorités, représentait de la “propagande de relations sexuelles non traditionnelles” à des personnes mineures. Les reculs se multiplient
Or, les politiques hostiles aux personnes LGBTQ+ se sont aussi multipliées ces derniers mois aux États-Unis sous l’effet du vent de conservatisme qui souffle sur le pays.
En juin dernier, la Cour suprême des États-Unis a aboli les politiques de discrimination positive dans les universités pour favoriser l’inclusion notamment des personnes LGBTQ+. Presque le même jour, le plus haut tribunal du pays, dominé par des juges conservateurs, a donné raison à une créatrice de sites web qui refusait d’en concevoir pour des mariages entre personnes de même sexe. Le gouverneur républicain de Floride Ron DeSantis.
Des politiques défavorables ou carrément discriminatoires envers la diversité des genres ont aussi été adoptées dans plusieurs États, notamment en Floride où on interdit désormais tout enseignement portant sur l’orientation sexuelle ou sur l’identité de genre jusqu’en 12e année.
La matière portant sur les questions LGBTQ+ ne pourra donc pas être abordée par les enseignants, sauf si des questions surviennent de manière spontanée ou s’il s’agit d’un cours sur la santé reproductive, dont les parents peuvent retirer leurs enfants.
Plusieurs événements violents contre des communautés LGBTQ+ soulèvent aussi des questions sur la sécurité de ces communautés aux États-Unis. En novembre 2022, un homme de 22 ans a tué 5 personnes et en a blessé 18 autres en ouvrant le feu dans une discothèque LGBTQ+ de Colorado Springs.
Le 12 juin 2016, un Américain d’origine afghane, Omar Mateen, avait tué 49 personnes et en avait blessé une cinquantaine d’autres dans un bar LGBTQ+ à Orlando, en Floride.
En 2018, le rapport annuel de l’association de défense de la communauté LGBTQ+ New York City Anti-Violence Project révélait par ailleurs que les homicides et violences commis contre des membres de la communauté avaient augmenté de 86 % depuis l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, en janvier 2017. Des échos jusqu’au Canada
Ces politiques qui gagnent du terrain dans le sud des États-Unis forcent de plus en plus les politiciens canadiens à se positionner par rapport à ces enjeux.
C’est notamment le cas des membres du Parti conservateur du Canada, dont le congrès doit avoir lieu la semaine prochaine à Québec. Plusieurs résolutions touchant les transitions de genre des mineurs sont en effet mises de l’avant dans les rangs du parti, où l’on se questionne sur la place des parents et de l’école dans la façon d’aborder cette thématique avec les enfants.
Une proposition soumise aux instances du parti suggère qu’un gouvernement conservateur interdise “les interventions médicales ou chirurgicales qui altèrent la vie” pour les personnes mineures qui souhaitent faire la transition de genre.
Tout récemment, le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, a déclaré que les écoles devraient s’en tenir à l’enseignement des notions de base et laisser aux parents le soin d’aborder les questions relatives à l’identité de genre ou d’orientation sexuelle avec leurs enfants.
Pierre Poilievre affirme s’en remettre aux provinces qui sont responsables de l’éducation au pays.
Le Nouveau-Brunswick est en effet plongé depuis des mois dans un débat sur la controversée politique 713 qui exige que les parents donnent leur consentement si un élève de moins de 16 ans décide d’utiliser un nom ou des pronoms différents pour se définir.
Une politique qui avait fait dire à Justin Trudeau que “les enfants transgenres du Nouveau-Brunswick se font dire qu’ils n’ont pas le droit d’être eux-mêmes, qu’ils doivent demander la permission”.
Le chef conservateur avait alors accusé le premier ministre Trudeau de s’ingérer dans des décisions qui “devraient relever des provinces et des parents”.